On prend – presque – les même et on recommence. Si Staff Benda Bilili a subi de légères modifications périphériques, Vincent Kenis de Crammed Discs est toujours aux manettes de ce deuxième opus. Enregistré dans un studio qui a vu passer les légendes de la rumba congolaise de Franco à Pepé Kallé, Bouger le Monde est forcément plus abouti que Très Très Fort. A l’énergie brute de ce dernier, Staff Benda Bilili apporte l’expérience acquise à travers trois-cent-cinquante concerts donnés de par le monde, et en particulier lors de festivals où l’énergie de Staff Benda Bilili met régulièrement le feu. Mieux canalisée, l’énergie des dix membres de Staff Benda Bilili est telle qu’ils transforment leurs fauteuils roulants en chaises électriques. Bouger le Monde n’usurpe pas un instant son titre et devrait réjouir les nombreux aficionados français du groupe. Bouger le Monde fait la part belle aux rythmes festifs, « Osali Mabe » vaut largement du Magik System, « Bilanga » et ses percussions échevelées est porté tout du long par la guitare en furie du prodige Roger Landu pour un rock à l’Africaine. Après un étrange départ flamenco, « Ne me quitte pas » et son ambiance latino n’aurait pas de mal à faire un tube. Staff Benda Bilili n’est pas qu’un groupe d’ambianceurs, il prend le temps d’ajouter de la finesse à un disque déjà très remuant. « Tangu i Fueni » ramène aux délices de la rumba congolaise la plus pure, « Djambula » taquine le blues avec un tempo lourd, « Souci » réunit les sept voix de Staff Benda Bilili en un choeur typiquement africain. Bouger le Monde est le disque que l’on pouvait attendre de la part d’un Staff Benda Bilili gonflé à bloc. Ni surfait ni artificiellement gonflé, juste tout simplement.